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PANAMERICANA :
J’ai choisi le titre « Panamericana » en fonction du caractère « panaméricain » du répertoire, c’est à dire inspiré des cultures musicales de tout le sous continent, sur lequel je travaille depuis les années 1970. Mais c’est aussi un jeu de mot qui fait référence à la Panaméricaine, la route qui traverse le continent du Nord au Sud, et qu’empruntent chaque jour des millions de personnes qui ont toutes l’espagnol comme langue commune en Amérique latine. C’est aux abords de la « Pana », comme on dit là-bas, que j’ai aussi fait mes plus belles rencontres musicales.
Robert Santiago.
1 - La Borrachona (Primitivo Camacho) - Rumba. A Alexandra. 3’23.
Cette adaptation reste fidèle à l’esprit original avec toutefois, à la deuxième reprise du motif principal, une citation d’une forme afro-cubaine tombée en désuétude : la conga.
Il aurait été plus facile (plus convenu ?) d’utiliser une guitare espagnole avec une rythmique de rumba catalane ou de flamenco camarguais, mais l’utilisation de la guitare manouche à cordes métalliques de Raphaël apporte une alternative plus inédite et originale.
Vincent : piano Fender Rhodes, piano. Eric : batterie de percussions. Sandra : güiro.
François : basse. Robert : accordéon. Raphaël : guitare.
2 - Festival en Guararé (Dorindo Cárdenas) – Cumbia. 3’06.
L’accordéoniste, chanteur et compositeur panaméen Dorindo Cárdenas “El Idolo de las Multitudes” - l’Idole des Foules - a écrit cette cumbia pour le 15ème festival de la mejorana de Guararé. Le morceau fit un triomphe et devint rapidement un standard de la musique latino, repris par des groupes de cumbia, de vallenato, de tex-mex, de salsa… et les versions enregistrées de ce titre sont innombrables.
La « tyrolienne » du refrain fait partie intégrante de l’œuvre, c’est d’ailleurs une constante dans la cumbia panaméenne dont les mélodies sont souvent inspirées par les chants et cris de vachers menant les troupeaux.
Vincent : güiro. Eric : batterie de percussions. Sandra : chœurs François : basse.
Robert : accordéon, cuatro, güiro, cloche, claves et chant lead. Victor : timbales et tumba.
3 - Canto de la Montaña (Pedro Hernandez) - Salsa. Inclus Urqu Taki (Robert Santiago) - Huayño tarkeada. 3’42.
La version dont nous je me suis inspiré est celle de l’orchestre de salsa vénézuélien “Nelson y sus Estrellas”. La partie centrale du morceau original est un solo de trompette teinté de latin-jazz, remplacé ici par une tarkeada que j’ai composée. Jouée à la « tarka », flûte à bec à 6 trous de l’altiplano péruviano-bolivien, cette musique carnavalesque possède une parenté rythmique avec les danses de la côte caraïbe, racines de la salsa, comme la cumbia, le porro ou le merecumbé.
Les paroles sont d’une affligeante mièvrerie (…je descendrai du ciel les étoiles, la lune parce que tu es pour moi belle comme pas une, je sortirai de la mer la plus jolie des perles pour faire un collier digne de ta beauté et te voir sourire comme une jolie princesse, etc…) mais la magie de la langue espagnole permet de faire sonner les vers les plus creux !
Vincent : piano et chœurs. Eric : batterie de percussions. Sandra : güiro et chœurs. François : basse. Robert : accordéon, vihuela, charango, cavaquinho, tarkas, bombo, redoblante, cymbales, chant lead.
4 - Mambo Lupita (Dámaso Perez Prado) – Mambo. 3’15.
Moins fameux que les Mambos N°5 et N°8, Lupita est pourtant un morceau majeur du répertoire du Roi du Mambo. Notre arrangement, plus minimaliste que les nombreuses autres versions enregistrées de ce titre, respecte la forme du morceau original et tente de garder le côté « sauvage » du mambo.
Vincent : piano et chœurs. Eric : batterie de percussions et chœurs. Sandra : chœurs.
François : basse. Victor : timbales. Robert : accordéon et chant lead.
5 - El Carabiné (Traditionnel) – Carabiné. 3’39.
Le Carabiné est une forme à part entière, dérivée du merengue, popularisée depuis la période de l’occupation haïtienne de la République Dominicaine (1821-1843) où les carabiniers, soldats de l’armée d’Haïti, pratiquaient cette danse pour se divertir.
Nous avons pris l’habitude, depuis des années, de terminer nos concerts avec ce morceau pétillant, sur un rythme de merengue classique.
Vincent : piano et chœurs. Eric : batterie de percussions et chœurs. François : basse. Robert : accordéon, güiro, cloches et chant lead.
6 - Don Qui Xote (Robert Santiago) - Xote. A Miguel de Cervantes. 5’12.
Le xote*, forme de danse du Nordeste du Brésil est une acculturation de la scottish européenne dont la rythmique est assez semblable à celle du reggae jamaïcain, ce qui fit dire un jour à l’accordéoniste Dominguinhos que le reggae est un xote qui s’en est bien sorti ! (um xotezinho safado.)
Enregistré d’abord avec l’orchestre au complet, il nous a semblé préférable de réaliser un arrangement incluant de nombreuses cordes, des toyos (flûte de Pan de grande taille) et des bruits de rue, supports rêvés pour voir s’épanouir le génie de Mathieu dans l’art du remix.
(*prononcer « chot’ »)
Vincent : piano Fender Rhodes et piano. Sandra : güiro et chœurs. François : contrebasse. Robert : accordéon, tiple, cavaquinho, cuatro, vihuela, toyos, claves et chœurs.
7 - La Gallera (Robert Santiago) - Palo. A Dulce et Rafael Chaljub Mejia. 3’13.
Résultat d’un travail acharné sur le clavier main gauche de l’accordéon, la mélodie de La Gallera s’est imposée à ma main droite !
Le problème était de savoir à quel genre de musique ce travail avait donné naissance …
Il m’a fallu faire le bœuf à Saint Domingue avec plusieurs musiciens pour me rendre compte qu’il ne s’agissait ni d’un merengue, ni d’une mangulina, bien que la rythme s’en rapproche.
C’est finalement Lauriano « Julio El Musico » Rivera, accordéoniste des rues et folkloriste érudit, qui a tranché la question : c’est un « ritmo palo !»
Pour le batteur sénégalais Lamine N’Diaye qui travaille de temps en temps avec notre orchestre, ce morceau ressemble beaucoup au « M’balax », musique populaire du Sénégal…
Les paroles de la chanson font référence aux musiciens de merengue « perico ripiao » dont la présence était jadis indispensable dans chaque arène de combats de coqs (gallera.)
Vincent : piano Fender Rhodes. Eric : bombo. Sandra : chœurs. François : basse.
Robert : accordéon, güiro, cloche, mandoline et chant lead.
8 - Lluvia Con Nieve (Món Rivera) - Mambo. 2’57.
Composé par Monserrate Rivera Alers, tromboniste portoricain et spécialiste de la chanson « trabalengua » (chanson vire-langue), repris par de nombreux orchestres de salsa, en Amérique latine comme aux USA, Lluvia Con Nieve est aujourd’hui à ranger parmi les standards de la musique latino.
Les paroles de la chanson - une pluie vient, une pluie avec de la neige - n’ont rien à voir avec un bulletin météo mais font plutôt référence à l’alcool et à la cocaïne …
Vincent : piano et chant. Eric : batterie de percussions. Sandra : chant. François : basse.
Victor : timbales. Robert : accordéon, cloche, güiro et chant.
9 - Señor Que Calor (Manuel De Gómez / Paule Muray) - Boléro-son. A la mémoire de Didier Roussin. 3’16.
Humour pince sans rire et chaleur accablante sont les ingrédients de cette chanson belgo-latine créée à Bruxelles dans les années 1960. Comme le mexicain basané allongé sur le sol, un sombrero sur le nez en guise, en guise, en guise … de parasol, cette chanson donnait une image édulcorée de la réalité : à l’époque l’Amérique du sud commençait à subir des dictatures militaires féroces, le pillage des ressources naturelles par des multinationales yankees, le trafic du sang des indiens …
Notre interprétation prend quelques libertés instrumentales, mais reste fidèle aux versions « réglementaires » des créateurs de ce tube, demeurant ainsi attachés à notre mission qui consiste aussi à exhumer des chef-d’œuvres de l’oubli.
Vincent : clavier et chœurs. Eric : batterie de percussions. Sandra : güiro et chœurs. François : contrebasse et chœurs. Robert : Accordéon, vihuela, tiple colombiano, chant lead.
10 - El Abuelo (Robert Santiago). 3’28.
Difficile de définir le style de chanson puisque la cumbia qui forme la base du refrain, avec un break emprunté à la « chicha » péruvienne, prend des airs de boléro dans les couplets et se transforme en quasi salsa dans la coda.
Les paroles inspirées d’une discussion que j’ai eu un jour avec un vieux monsieur de 93 ans, n’auraient pas pu être écrites par un sud-américain : là-bas, les gens respectent leurs vieux …
Vincent : piano Fender Rhodes, piano et chœurs. Eric : batterie de percussions. Sandra : chœurs. François : basse. Victor : bongos et tumba.. Robert : accordéon et chant lead.
11 - Santa Fé (Robert Santiago) – Joropo. A Marcel Kanche. 2’32.
J’ai composé ce morceau, assis dans un rocking-chair usé sur la terrasse d’un petit hôtel délabré surplombant la baie de Santa Fé au Vénézuéla, une « Polar » bien fraîche sur la table, une « Belmont » fumant dans la demie noix de coco cendrier et un cuatro tout neuf sur les genoux. A la surface des eaux calmes, des tortues marines profitaient des derniers rayons du soleil couchant… derrière ce tableau idyllique, dans les rues boueuses du village, des gamins en haillons mendiaient quelques bolivars aux rares touristes…
Vincent : Piano Fender Rhodes et chœurs. Eric : cymbales. Sandra : güiro et chœurs. François : contrebasse et chœurs. Robert : Cuatro et mandoline.
12 - Cerca del Mar (Ezequiel Cisneros Cárdenas) – Boléro. 3’57.
Un jour, à Barra de Potosí, sur la côte de l’Etat de Guerrero au Mexique, un « duo romántico » est venu pousser la chansonnette : après un accordage en règle de la guitare et du requinto, le duo a commencé à chanter le célèbre boléro dans une interprétation recueillie… de retour en France, j’ai repris ce morceau que nous jouions depuis longtemps, en pensant à ces deux papys émouvants, véritables mémoires de la chanson populaire – plus de 1200 morceaux à leur répertoire – mais obligés de faire la quête auprès des touristes pour réussir à survivre …
Vincent : Piano Fender Rhodes et chœurs. Eric : batterie de percussions. Sandra : güiro et chœurs. François : contrebasse et chœurs. Raphaël : guitare. Victor : bongos. Robert : Cuatro et mandoline.
13 - Siempre Amare la Bomba (Robert Santiago) - Bomba del Chota. 3’45.
La bomba afro-équatorienne, style de musique et de danse pratiqué par les descendants des esclaves africains arrivés dans le nord du pays au 17ème siècle est peut-être ma plus belle découverte en 20 ans de voyages en Amérique latine. La population noire d’Equateur, véritable bouc-émissaire de tous les malaises sociaux du pays, est laissée dans la misère par les gouvernements de tous bords, à croire que l’esclavage, tout du moins une version moderne, n’est pas abolie dans cette région du monde. La bomba, tout comme le football, sont les seuls domaines où les afro-équatoriens ont une reconnaissance nationale.
Cette composition originale respecte à la lettre le cadre formel de la bomba traditionnelle mais l’orchestration s’en éloigne franchement : l’accordéon, anecdotique dans les orchestres afro-équatoriens, prend le rôle du requinto solo. Le piano joue celui de la guitare et la batterie de percussions prend la liberté d’ajouter grosse caisse et cymbales. Claves et bongos sont plus traditionnels. La guitare manouche de Raphaël, qui égrène ses fines notes métalliques, ajoute à notre interprétation un timbre résolument français.
Le texte de la chanson, déclaration d’amour à la bomba, rend également hommage aux grands musiciens, orchestres, auteurs et compositeurs du genre.
Vincent : Piano Fender Rhodes et chœurs. Eric : batterie de percussions. Sandra : güiro et chœurs. François : basse. Victor : bongos. Raphaël : guitare. Robert : accordéon, claves et chant lead.
14 - La Fuerza (Robert Santiago) – Joropo. 2’58.
Le joropo est originaire des llanos colombiano-vénézuéliens, mais le rythme, porté par le succès de quelques thèmes fameux comme Alma Llanera, a essaimé dans les îles, sur le continent et plus tard dans le monde entier avec les orchestres typiques.
C’est d’ailleurs en écoutant une version d’Alma Llanera par le trio colombien Los Tres Hernandez que j’ai conçu une manière simple et efficace d’accompagnement du joropo sur le clavier gauche de l’accordéon, apportant de ce fait plus de force au phrasé.
Vincent : piano. Eric : cymbale. François : basse. Robert : accordéon et maracas.
15 - La Gran Noticia (Robert Santiago) - Canción a mi Mamá. 3’24.
Il y a deux ans, ma mère m’a donné cette photo de moi dans les bras de mon père, photo prise quatre mois avant son décès.
Toute mon enfance durant, j’ai cru les ragots, la rumeur qui disait que mon père s’était suicidé, et j’ai grandi avec cette certitude…
Quand, 45 ans plus tard, j’ai eu la preuve irréfutable (La Grande Nouvelle !) que le décès de mon père était lié à un accident cérébral, j’ai éprouvé le besoin d’écrire cette chanson libératoire.
Robert : accordéon et chant.
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